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Livia : Passà due o tre minuti a rida un pocu


Simon Dominati le Dimanche 4 Mai 2014 à 18:56

Voici quatre anecdotes d’un temps pas si éloigné lorsque la vie dans nos quartiers était encore florissante. Ces petits sketchs improvisés, fraîchement sortis d’une situation cueillie sur le vif provoquaient hilarité ou colère selon que l’on se trouvait côté spectateur ou carrément visé… Le récit après coup est toujours un moment de plaisir. Pà rida… ça n’a pas pris une ride.



Livia : Passà due o tre minuti a rida un pocu

Mon grand-père était bucheron et travaillait en forêt du lundi au vendredi soir pour une entreprise proprianaise. Un camion l’embarquait au passage à Lévie pour une destination du côté de l’Ospedale. Il ne partait jamais sans sa bonbonne de vin. Il retrouvait sa famille pour le week-end comme on dit aujourd’hui. L’entrepreneur rendait visite à ses employés de temps en temps de manière inopinée. Un vendredi après-midi, en attendant le camion de ramassage, mon grand-père et son ami s’étaient installés à l’ombre pour siroter les dernières gouttes de vin, directement au goulot de la dame-jeanne. Les surprenant dans cette posture d’oisiveté, le patron leur adressa : « Si vous faites comme ça, l’entreprise part en faillite. » Mon grand-père qui n’était pas né de la dernière pluie et toujours à l’affût d’un bon mot, lui rétorqua : «  Ô M. Mo…, si vos machines fonctionnent au mazout, nous on marche au vin de Maria Barbara ! »  Le patron avait de l’humour et connaissait ses ouvriers par cœur… Il a apprécié.

Un camion était tombé en panne juste devant le bar de Maria Barbara qui fournissait le village en vin. Le chauffeur était affairé, la tête dans le moteur, pour tenter d’identifier la panne. Midi était largement passé lorsque, titubant, un client s’était décidé à rentrer chez lui. Il s’approcha du camion comme pour seconder le mécano se retrouvant, avec lui,   tête contre tête sous le capot levé. Intrigué, il  montra une durite puis demanda : « C’est quoi, ça ? » L’autre déjà bien énervé, se redressa et lui dit : « Tu sais, ça c’est le tuyau qui est directement branché au tonneau de vin chez Maria Barbara ! » Sans demander son reste, l’imprudent fila vers son domicile sans se retourner.

Il avait beaucoup plu pendant la semaine et ce n’était pas fini. Une personne devait être enterrée, la fosse était pleine d’eau. Les porteurs quasiment seuls au cimetière décidèrent de poser le cercueil dans le trou et d’attendre le lendemain, une éventuelle accalmie, pour couvrir. Au passage devant sa porte, une dame qui était déjà au courant, m’appelle et me dit : « Tu as vu, ils ont mis xxx à tremper jusqu’à demain comme la morue. »

Enfin, voici un souvenir d’école qui ne se démodera jamais. Nous devions faire une rédaction dont le sujet était « Au cours d’une promenade vous êtes frappé par le pittoresque du paysage, racontez. » L’un d’entre nous, bien embarrassé, raconta ceci : « Je jouais à cache-cache à Cacareddu avec mes amis. Je cherchais et je montais sans faire de bruit vers le grand châtaignier. Arrivé à côté du châtaignier, pan ! Je reçus un grand coup derrière la tête. C’était le pittoresque qui était caché derrière le châtaignier… »

Entre bogues et coups derrière la tête, Il faut toujours se méfier d’un châtaignier !

Allez, un petit bonus ! Sur le même registre, le sujet d’une rédaction proposait de raconter un jeu. Il était conseillé d’utiliser le passé simple. Voici grosso modo la teneur d’une copie : « Je joua à la balançoire avec ma sœur. Et je poussa, je poussa, je poussa… A la fin la corde craqua. »

« E bè, era ora,  hè strappata sino dumani ceramu sempri ! » s’exclama le maître d’école.

Eccu, ci campaiamu !

Photo : En arrière-plan, la colline de Cacareddu avec ses châtaigniers.

Simon Dominati.